ART ET FOI CHRÉTIENNE
L’art est un langage, une expression de l’indicible
L’art est un langage, une expression de l’indicible. Aujourd’hui, les mots de la foi et de la théologie sont inaccessibles à beaucoup de nos contemporains qui n’en connaissent plus l’usage et la signification. C’est pourquoi l’expression artistique est fondamentale, car elle a une valeur didactique et missionnaire en plus d’élever l’âme nécessairement touchée par la beauté. Déjà saint Grégoire le Grand (+ 604) après la fièvre iconoclaste qui s’empara de la région de Marseille en l’an 600, va étendre la signification de l’art sacré qui, jusqu’à cette époque, était dédiée à la seule vénération. Pour lui, les images : « sont aux illettrés ce que la bible est aux lettrés. » Le quatrième concile de Constantinople en 870 confirmera l’usage de l’art dans l’expression religieuse : « nous décidons que l’image sacrée de notre Seigneur Jésus-Christ doit être vénérée avec autant d’honneur que le livre des saints évangiles. Ce qui nous est dit par les mots, l’image nous l’annonce et nous le fait valoir par les couleurs. « C’est à partir du XIIIe siècle que l’art religieux devient
« œuvre d’art » sous l’influence de Giotto (1226-1337) et de ses successeurs en particulier Masaccio et Piero delle Franscesca. C’est grâce à l’Incarnation du Fils de Dieu que l’impossibilité de représenter l’invisible exprimée dans le deuxième commandement du Décalogue est abolie. Le Christ est l’image du Dieu invisible (Col 1, 15), la représentation du Père (Jn 14, 8). C’est pourquoi le pape Benoit XVI dans son discours aux artistes (22 novembre 2009) peut affirmer : « La beauté peut devenir une voie vers le Transcendant, vers le Mystère ultime, vers Dieu, justement parce qu’elle ouvre et élargit l’horizon de la conscience humaine, qu’elle la renvoie au-delà d’elle-même, qu’elle la fait se pencher sur l’abîme de l’Infini. »
Mgr Michel Aupetit
L’art et croissance de la foi
Avant l’art, il y a l’artiste, c’est-à-dire une personne capable, à force de désir, de travail et de maîtrise, d’exprimer à travers des formes, des couleurs, des sonorités une émotion, une conviction, un sentiment afin de les exposer aux yeux ou aux oreilles des autres. Alors s’installe une relation inattendue, une proximité qui ne connaît ni les limites du temps ni celles de l’espace entre l’artiste et son public : l’oeuvre d’art produit, l’oeuvre d’art est à proprement parler « poétique » puisqu’elle suscite l’intime de celle ou celui qui écoute une mélodie, qui regarde un tableau, qui reçoit la lumière d’un vitrail. Mais il ne faut pas oublier que « le vent » (de l’Esprit Saint) souffle où il veut (cf. Jean 3,8) aussi bien pour mettre l’artiste en mouvement que pour bousculer l’auditeur ou le spectateur. De sorte que, même un créateur non chrétien est susceptible de venir interroger, enrichir la foi d’un baptisé pour peu qu’il consente à accueillir le langage de la beauté. Lorsque l’auteur de l’oeuvre est chrétien c’est même la communion spirituelle qui s’agrandit.
Père Yvon Aybram
L’art comme moyen de sublimer la souffrance
Pour ma part, je comprends l’art comme un moyen de sublimer la souffrance, une manière de l’exprimer pour la combattre. De là, le lien naturel entre Art et Foi chrétienne, puisque le Seigneur est venu au coeur de notre souffrance pour nous en délivrer. En ce sens, l’art, chrétien ou non, devient comme une participation – ou à tout le moins une tentative de participation – au combat contre la souffrance et la mort ; même si ce combat peut parfois être balbutiant ; et même s’il se « trompe » dans son objet ou son objectif, son essence m’apparaît comme telle. À ce titre, mon ministère peut parfois emprunter le chemin de l’art … ou accueillir l’art comme un collaborateur, pour annoncer l’Évangile : vivre la relation avec le Seigneur, annoncer sa victoire, en faire bénéficier tout homme. Et s’il peut s’affranchir des limites de la culture dans lequel il s’inscrit, notamment quand il emprunte aux registres des sens, il peut alors rejoindre toute personne humaine.
Père Thomas Binot
L’art et la création
S’il est pour moi un art par excellence c’est celui de la création : l’œuvre de Dieu à laquelle il nous appelle à participer. C’est déjà dans la contemplation que se nourrit chez l’artiste sa façon de mettre en valeur le beau à travers son style, son émotion qu’il veut transcrire. Je suis toujours impressionné par exemple lorsqu’à partir de quelque chose qui pourrait sembler insignifiant pris tout seul, l’artiste est capable de le sublimer en le mettant en scène. Une branche façonnée dans la mer devient ainsi rapidement une créature toute en expression. Notre Foi chrétienne trouve dans l’art un moyen pour en rendre compte, la nourrir et l’annoncer en l’inscrivant dans l’histoire, la culture. Par le beau, la transcendance de Dieu se laisse entrevoir et chacun par son propre chemin de Foi peut à travers cela se laisser interpeller à l’intime de lui-même.
Père Philippe BLIN
L’art est le lieu…
L’art est le lieu où toute personne peut se laisser toucher au cœur et saisir un peu ou un instant « le beau de la vie ». L’art est le lieu privilégié pour grandir et s’ouvrir à la transcendance, approcher l’essentiel, passer de « humain » à « être humain ».L’art est le lieu de la fraternité possible, sans laquelle la foi chrétienne ne peut naître, mais dans lequel elle peut assurément se vérifier et s’épanouir.
Diacre Yann BOUCHARD
L’art, expression de notre être profond
L’art, expression de notre être profond et médiation entre la Parole et celui qui regarde Lire la parabole du bon samaritain est une chose. Elle suscite en nous une réaction, une interpellation qui ne peut laisser le lecteur indifférent. La parabole vient toucher en nous notre sensibilité et invite à agir pour à notre tour faire de même. Alors que faire de ces sentiments qui nous traversent ? Tous nous n’avons pas le charisme d’aller dans la rue ou peut-être même que nous n’y sommes pas encore prêts mais tous nous avons le charisme de la rencontre. Oser sortir de soi pour répandre la miséricorde de Dieu à tous, croyants ou non. En pensant à cette parabole du bon samaritain, je repense au tableau d’un certain Van Gogh. Le samaritain fait corps avec l’homme à moitié mort. Ce sont toutes ses entrailles saisies par la pauvreté de l’homme qui vient rencontrer la misère et ne faire plus qu’un pour le hisser sur le dos du cheval. Le tableau est saisissant et met en lumière une parole de l’Ecriture. Sans nul doute que ce tableau est l’expression de la sensibilité de Van Gogh et voilà que ce tableau devient alors médiation entre la Bible et celui qui ose un regard engagé dans la contemplation de ce tableau.
Père Sébastien CHAUCHAT
L’Art et la Foi
La Foi, c’est la confiance en une Personne, qui nous aime personnellement et communautairement, et qui nous parle par son Esprit . Cette Foi peut s’exprimer par l’art dans toutes ses disciplines, notamment la littérature, la poésie, la sculpture, la musique, le chant, etc. … C’est le « beau » qui est exalté et qui rejoint le « sublime » ; c’est le dépassement de soi qui rejoint l’Éternel. Ce n’est plus de l’art « sacré », mais de l’art « sanctifié » !
Diacre Francis DESPRES
L’art et la contemplation
J’aime bien faire des aquarelles in situ dans le paysage. J’y passe environ deux heures et c’est pour moi un temps de contemplation de la nature car je suis attentif aux détails, aux couleurs, aux lumières, mais aussi aux belles constructions qui évoquent le travail que des artisans ont réalisé, souvent il y a des siècles ! C’est en ce sens que l’on peut y voir une forme de prière comme le dit St Paul : « Depuis la création du monde, on peut voir avec l’intelligence, à travers les œuvres de Dieu, ce qui lui est invisible : sa puissance éternelle et sa divinité. » (Rm 1,20) Je joue aussi de la flûte plusieurs fois par semaine …c’est plutôt un temps de respiration au milieu de la journée. Il m’est arrivé autrefois de jouer au cours d’une messe pour un temps de recueillement, mais je ne le fais plus depuis que je suis évêque !
Mgr Laurent DOGNIN (évêque de Quimper)
L’art introduit au Mystère
De prime abord, les arts ne semblent pas jouer un rôle déterminant dans ma vie de foi. J’ai été initié à la foi chrétienne bien avant de l’être un tout petit peu à la musique, un peu plus au cinéma puis aux arts plastiques. Quant à la littérature, je n’ai pas souvenir que l’enseignement reçu ait beaucoup éduqué ma sensibilité artistique. Et pourtant, il m’arrive d’écouter la Passion selon st Matthieu de J.S Bach pour vivre un temps de prière pendant la Semaine Sainte. Entrer dans la basilique de Vézelay ou l’abbaye du Thoronet ou la cathédrale de Troyes n’est pas seulement visiter un beau lieu de prière : il se passe quelque chose de l’ordre d‘une immersion dans l’histoire de l’Eglise en ces lieux. Plus rares mais pas moins intenses sont des moments de contemplation d’un tableau, tel que le Christ mort couché sur son linceul de Philippe de Champaigne au Louvre, ou l’Annonciation de Fra Angelico à Cortone ; j’ai vécu là comme une entrée en résonance entre l’œuvre et l’Evangile. Il est des œuvres d’art qui introduisent au Mystère. Toutes ces expériences de la beauté ont un caractère un peu exceptionnel. Mais il en est une qui est quotidienne. Mon point de contact le plus ordinaire entre un art et ma foi est la prière des Psaumes. Qu’est-ce qu’un psaume sinon un poème par lequel Dieu se dit et l’homme répond ? « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi, mon Dieu. » (Ps 41,2)
Diacre Yves DOUBLIEZ
L’artiste comme révélateur
Pour ma part, la création artistique vient chercher ce qu’il y a d’intime en moi : mes aspirations, mes idéaux, mes valeurs. Mais aussi mes peurs, mes angoisses, mes doutes. Il y a une expression nouvelle, peut-être plus libre en tous cas dans des codes différents. Toute cette expression vient puiser dans la partie spirituelle de mon âme. Elle peut alors devenir le reflet de l’incarnation de ma foi. Dans cette intimité, je crois que Dieu est présent. Donner droit à l’expression de cette intimité peut révéler cette présence cachée. Alors, je deviens Prophète. Il me semble que c’est la plus belle part de l’artiste : révéler ce qui est caché, mettre en lumière ce qui est dans l’ombre. L’artiste est révélateur et devient un soutien dans mon chemin de foi, il est porteur de lumière. Lorsque l’artiste est au service de la foi alors il donne une révélation « supplémentaire », « complémentaire ». C’est une autre exégèse, une autre interprétation dont nous avons besoin pour nous laisser toujours plus émerveiller et dépasser par la Révélation.
Fr. Jean-Yves
L’art, mise en lumière
J’aime la photographie, cet art du regard, de la mise en lumière d’une fleur, d’un paysage ou d’un visage, dans l’espace et l’instant … Mon attention au symbolisme, aux reflets, aux couleurs, est une contemplation que je voudrais, simple et touchante, dans mes photos, comme dans mes poèmes
Père Roger KHALIL
La beauté sauvera-t-elle le monde ?
Non ! Car le monde est déjà sauvé ! Même si Celui qui la fait n’avait rien d’attrayant à nos yeux à l’heure de l’accomplissement des prophéties. Et pourtant, selon le psaume 44 il demeure « le plus beau des enfants des hommes ».En revanche la beauté peut rendre notre monde plus agréable, donc notre vie plus appétissante. Les prêtres, vu leur état apparent de solitude, y sont particulièrement sensibles. Le seul risque qu’ils puissent courir c’est de réduire leur expérience des belles choses à l’univers des « bondieuseries » sous le prétexte d’être exclusivement élus pour le service du culte. Certes la vie démontre que toute beauté n’est pas un bien et n’engendre pas que de bonnes réactions et que la beauté des choses n’est pas l’unique critère de leur préciosité. Poussée à l’extrême, la beauté peut même paraître suspecte, voire dangereuse. Ce n’est pas pour autant qu’il nous serait inconvenant de l’affronter. Cependant la vraie beauté, me semble-t-il, est celle qui peut rendre son admirateur capable de Dieu et éveiller en lui des intentions altruistes. Nous parlons alors du Beau à caractère transcendant. En ce sens, la beauté peut avoir de nombreux visages, et pas toujours les plus esthétiques selon nos critères. Même une laideur et une difformité peuvent être une variante du Beau dans un contexte précis. Car qui peut énumérer toutes les facettes du Beau conduisant l’homme à la contemplation de Dieu ? Il y en a autant que de divines étincelles foisonnantes dans nos yeux. Quelqu’un n’a-t-il pas écrit que nous étions créés à Sa ressemblance ? Ce sont bien tous ces clins d’œil de l’Eternité qui me permettent d’avancer au fil des jours contre tout et malgré tout en me faisant comprendre que mon vrai bonheur est toujours Ailleurs …
Père Robert LORENC
Les liens entre art et foi chrétienne
La racine même du mot « foi » indique la confiance. Confiance dans la vie, dans l’autre, dans nos efforts. L’essence de l’art renvoie dans la même direction : le sens des phénomènes, de la Présence révélée par nos actes, de la rencontre de l’Autre. La forme poétique, dramatique, picturale ou musicale ne fait qu’exprimer que « le Beau est la forme de l’amour » comme l’écrit le poète Norwid ; Amour qui est lui-même au cœur de la foi chrétienne. Le langage religieux est toujours poétique (Ricœur), le « comme si » de la métaphore crée l’image du monde qui nous apprend à agir. L’Art est donc l’action, la manière d’être dans le monde, la forme de notre présence à la Création. Il est aussi rencontre, relation, entente. Ainsi le sujet et l’objet de l’art est toujours l’Homme : image de Dieu qui est l’Autre, et de l’autre en qui nous pouvons Le rencontrer. L’art chrétien ne dépend pas du sujet « religieux », mais de l’Esprit qui souffle où il veut, et qui parle à tous, si l’on veut l’entendre. Qui est dans le murmure d’une brise légère et non dans les orages de l’histoire ou les catastrophes de la nature (1 Rois 19, 11-12). L’art prolonge la Création et en est le témoin.
Diacre Michel MASLOWSKI
L’art, fenêtre ouverte sur la méditation
La richesse de notre foi chrétienne réside non seulement dans l’œuvre de création accomplie par Dieu au commencement, mais aussi dans la valeur donnée par l’incarnation de son Fils à tout ce qui compose notre existence. Ainsi la foi s’imprègne des multiples liens invisibles qui unissent création et humanité, temps et éternité, habitation du présent et dynamique permanente vers la Vie ! L’art est au service du dévoilement de ces liens, de leur contemplation, de leur tissage en chacun des spectateurs que nous sommes. Regarder nous rend participants de la recherche, de la continuité créatrice, de l’approfondissement de la découverte de Dieu dans ce monde déjà. L’art est une fenêtre ouverte sur la méditation de l’infinie grandeur de Dieu à l’œuvre dans la petitesse de notre vue, dans l’étroitesse de notre regard. J’aime regarder les éléments du monde qui, dans leur mouvement ou leur simplicité, dans l’alliance du léger et du fragile avec l’éternel et le puissant, le solide, composent l’harmonie comme la symphonie de Dieu. L’eau, les arbres, le ciel, les perspectives et les mouvements de la nature comme autant de coups de pinceaux de l’Artiste absolu !
Père Yves MOREL
L’art exprime et le mystère de la vie et le mystère de Dieu
L’art exprime et le mystère de la vie et le mystère de Dieu qui, dans leur richesse, échappent aux mots et aux propos discursifs. Si « le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » comme l’enseigne Gaudium et Spes 22, les contemplations et les évocations du Christ constituent comme le point focal de toute l’aventure artistique. Prendre le temps de visiter une exposition, de lire un roman, d’écouter un concert, ce n’est pas s’évader de notre mission mais au contraire entrer plus profondément dans l’épaisseur de monde que le Christ a tant aimé qu’il a voulu le sauver. Une de mes grandes joies de prêtre a été de travailler avec des sculpteurs, des poètes, des musiciens, plus ou moins croyants, pour chercher avec eux comment faire écho de manière originale à la parole de Dieu, à la vie d’un saint, au mystère de la foi. Je crois profondément que quelque chose d’essentiel de notre vie de chrétiens et de ministres est engagé dans notre rapport à l’art. Merci au père Jean-Paul Cazes et à son équipe de nous aider à en être vraiment conscient. Ils nous ouvrent un chemin de joie !
Mgr Matthieu ROUGE (évêque de Nanterre)
L’art sacré élève l’âme
Je trouve assez singulier que dans le Catéchisme de 1992 quelques-uns des propos les plus pertinents sur l’art nous soient partagés à l’occasion du commentaire du huitième commandement. En effet, il me semble qu’il existe un lien naturel, comme évident, entre la vérité et la beauté, la laideur et le mensonge. Par l’expérience esthétique, l’art a, il me semble, la vocation de manifester ce qui pourrait autrement demeurer indicible dans l’expression de la vérité. Et pour l’art sacré plus spécifiquement, outre la manifestation de la vérité, sa vocation est d’évoquer, et même de glorifier et magnifier, Dieu « beauté suréminente invisible de vérité et d’amour ». Il a donc pour fin première de porter l’homme à l’adoration, à la prière et à l’amour de Dieu, à l’action de grâce pour la beauté de la création et de la vie, et de donner à saisir les conséquences de la surabondance divine. Dit autrement, l’art sacré a pour fonction d’élever l’âme en faisant expérimenter à l’homme quelque chose du divin.
Père Cédric de La SERRE
L’artiste et l’harmonie
Pour répondre … de manière personnelle … je suis attaché à l’harmonie. Pour moi cela veut dire. Bien chanter (valable pour moi et pour les autres, dans la liturgie) et encourager les couts à chanter plutôt que de passer de la musique enregistrée. Veiller à l’harmonie des lieux : églises, lieux d’accueil et de travail en paroisse (architecture, décoration, rangement, propreté)Harmoniser et aider chacun à apporter sa pierre à l’édifice « paroisse qui vit ».Je ne pense pas avoir de grandes compétences mais j’aime encourager ceux qui savent faire et font bien. J’apprécie beaucoup le travail de Pierre Bobillot, comme par exemple ce qui est dans l’église Saint Joseph de Clamart. Les œuvres de Bruno de Maistre m’ont également impressionné.
Père Pascal SEITE
L’artiste rend le monde encore plus beau
L’art est une magnifique illustration de l’alliance entre Dieu et les hommes. Dieu nous offre la création, avec ses matériaux, ses lois, son harmonie, sa beauté. L’homme est invité à collaborer à l’œuvre de Dieu par son intelligence, sa créativité, ses talents. L’art permet de rendre le monde encore plus beau. L’art rend le monde encore plus beau car plus humain car il ouvre un espace de gratuité, d’intériorité, de liberté et d’expression. Il est le moyen pour l’homme de laisser son empreinte sur cette terre, désir qui habite le cœur de tout homme. Mais l’art rend aussi le monde plus divin. Car en créant du beau, l’homme ouvre de nouveaux chemins qui mènent à Dieu, source et origine de toute beauté. L’art est une manière de vivre dans l’Esprit. L’Esprit Saint déploie nos talents et fait de nous des artistes du Bon Dieu. J’aime particulièrement ce petit passage de l’Exode où Dieu remplit de son Esprit l’artiste chargé de réaliser le sanctuaire du Seigneur : « Le Seigneur parla à Moïse : « J’ai appelé par son nom Beçalel (…) Je l’ai rempli de l’Esprit de Dieu pour qu’il possède la sagesse, l’intelligence, la connaissance et le savoir-faire pour toutes sortes de travaux : la création artistique, le travail de l’or, de l’argent, du bronze, la taille des pierres précieuses, la sculpture sur bois et toutes sortes de travaux. » (Ex 31, 1-5) Je me dis parfois que Dieu lui-même s’émerveille de ce que le génie humain peut parfois produire avec ses mains, son esprit et son cœur. J’ose croire que nous retrouverons dans la nouvelle création les merveilles que l’homme a accomplies grâce à son extraordinaire créativité et que la lumière divine viendra transfigurer.
Père Jean-Baptiste SIBOULET
L’art pour exprimer sa foi
Les liens entre l’art et la foi chrétienne sont tellement évidents qu’ils ne peuvent relever que d’une volonté divine affirmée. L’homme et la femme créés à l’image et à la ressemblance de Dieu possèdent au plus profond de leur être cette capacité d’exprimer par l’art leurs sentiments les plus profonds, parmi lesquels figure évidemment la foi religieuse. C’est pourquoi on pourrait aussi parler des liens entre l’art et la foi juive au temps de l’Ancien Testament. Pour revenir à la foi chrétienne, que l’on songe simplement aux dizaines de milliers d’œuvres qui ont été créées au long des siècles dans toutes les disciplines artistiques : architecture, sculpture, peinture, vitrail, musique, littérature, théâtre … L’art apparaît comme une des formes les plus remarquables d’exprimer sa foi et de rendre grâce à Dieu avec le génie et la sensibilité propres à chaque époque. Je repense toujours à cette phrase du psaume : « De tout votre art, soutenez l’ovation. » (ps 32,3)
Diacre Daniel TREPIER
L’art élève l’âme
J’aime enseigner que ce qui élève l’âme, c’est l’art, et que la foi lui donne un sens. Aussi, devant les œuvres d’art en église, je m’attache à une catéchèse simple, aussi aux couleurs. Là est mon art.
Père Baudoin TOURNEMINE
L’art manifeste la beauté de la création
L’art n’a pas besoin d’être beau pour être de l’art, paraît-il ! Toutefois, je trouve qu’il me parle beaucoup plus quand il l’est. Car alors, il manifeste bien davantage la beauté de la Création et l’amour de son Créateur pour l’humanité entière Ainsi, la foi chrétienne peut y trouver un enracinement plus profond, un enseignement plus lumineux et une forte source d’inspiration pour la prière ainsi que l’action de grâce. Par une stimulation réciproque entre l’art et la foi chrétienne, la créativité et l’admiration sont renforcées. Art et foi chrétienne ont souvent été l’expression l’un de l’autre, s’éclairant mutuellement et représentant une manière de vivre d’une époque pour les générations ultérieures. Mais surtout, l’art traduit magnifiquement l’Incarnation du Christ Jésus, notre Sauveur, et rappelle concrètement Sa présence réelle et permanente auprès de toutes et tous, croyants ou non.
Diacre Jean-Luc VELOT
L’art comme thérapie
C’est en acceptant une mission dans une église où le verre transparent est prédominant que j’ai eu ce déclic et cette attirance pour le vitrail. Véritable autodidacte, je me suis auto-formé et je me suis ainsi laissé porter et transcendé par cette notion du beau. Je fus fortement inspiré et c’est ainsi que j’ai commencé mes premières réalisations. Car je pense que le beau a véritablement toute sa place dans un lieu ou un espace de dévotion et de prière. Rappelons-nous qu’à une certaine époque, les fidèles des communautés n’interprétaient les écritures qu’à travers les images des vitraux. Puis lors de la terrible épreuve de la maladie que j’ai traversée, j’ai dû choisir d’autres matériaux. Et le bois s’est révélé un allié parfait ; le sculpter est un véritable exutoire et je dirais même une thérapie. Aujourd’hui j’essaye de conjuguer le bois, le verre et le métal. C’est pour moi un chemin de prière, et le témoignage d’une expression spirituelle. Je souhaite que tous ceux qui sont malades puissent trouver un moyen, une expression quelle qu’elle soit, artistique ou autre pour s’exprimer afin de pouvoir surmonter leurs souffrances.
Diacre Alfred Elimort
Comment percevez-vous les liens entre art et foi chrétienne ?
J’ai laissé la poésie s’inviter dans ma vie en août 2013, lors d’une session de croissance humaine et spirituelle. J’ai vécu, comme une visitation, le jaillissement du fond de l’être d’une source inextinguible et intarissable, qui aurait pu me submerger, mais qu’il m’a été donné d’accueillir dans la joie, l’émerveillement et une grande paix, malgré l’excitation. Après quelques années, la source est toujours là, au débit assagi, mais tant reste à écrire ! Sans être explicitement nommée, parfois suggérée, ma foi se lit dans de nombreux poèmes, qui évoquent, à leur manière, la vie reçue et donnée, la liberté, la libération, l’audace, la dissipation des ténèbres, l’absence de solitude, le triptyque vie – mort – résurrection, l’amour. J’ai, depuis, davantage conscience de porter un trésor dans un vase d’argile, comme le dit saint Paul. Ce trésor ne m’appartient pas, il n’est pas le fruit de ma propre capacité. La poésie n’est-ce pas l’art d’annoncer des réalités qui sont au-delà des mots ?
François Leplat
Avec l’image, le fond et la forme s’entremêlent
Au temps du séminaire, j’ai commencé une formation à l’audiovisuel et cela ne m’a jamais lâché. Le monde de l’image n’est pas pour moi un passe-temps. Dans toutes les missions qui m’ont été confiées, j’ai cherché avec d’autres à mettre l’audiovisuel au service de nos projets pastoraux. J’ai testé plusieurs formes d’images. Du dessin, à la sculpture, la photo, l’image mouvement, sans oublier le son, la narration et le théâtre. Il y a aussi l’iconographie traditionnelle, toute l’histoire de la représentation religieuse, jusqu’au surréalisme. La rencontre culturelle met la parole de Dieu dans notre temps et notre univers. Grâce à la rencontre avec un paroissien, j’ai investi l’univers de la caricature. Depuis plus de 30 ans, l’univers du numérique a bouleversé aussi notre rapport à l’image toujours plus présente. J’ai quelques éléments de credo : la volonté de mettre l’image au cœur d’une volonté de communication. C’est aussi un travail d’équipe au point que nous avons créé une association “Image & Pastorale”. Avec l’image, le fond et la forme s’entremêlent. Nous ne devons pas simplement être de bons utilisateurs d’image mais nous pouvons être des réalisateurs et des créateurs.
Père Vincent Scheffels
Art, artisanat et liturgie
À une époque où tout peut être obtenu en quantité, peu cher, l’art est le rappel des dons que Dieu a faits à l’homme. L’art est beauté et excellence au prix du temps et d’un savoir-faire acquis dans la sueur et la patience. L’art n’est donc pas superflu puisqu’il respecte la vie humaine dans sa louange au Créateur, louange par ce qu’elle a de noble : la recherche de Dieu par le travail du cœur, de l’esprit, et des mains. C’est pourquoi la liturgie, par respect pour Dieu et pour l’humanité, ne devrait pas employer autre chose que des œuvres d’art, excluant peu à peu la production industrielle. C’est souvent difficile car l’artisanat est devenu art, attribuant à la beauté un caractère élitiste, onéreux. Il faut donc chercher à réhabiliter tous ces artisanats : orfèvrerie, vitrail, textile, poésie, peinture, parfum d’encens, matériaux du mobilier liturgique, musique… La vraie simplicité de la prière, c’est de compter sur l’amour déposé dans la beauté, pour rendre grâce à celui qui nous a façonné à son image, par amour.
Père Côme de Jenlis
Lettre sur la beauté et l’art
Je pense que la beauté aide à prier, la beauté aide à rencontrer Dieu. Comme ancien diacre de Nanterre j’ai admiré la rénovation de la cathédrale Sainte-Geneviève de Nanterre. Mais maintenant j’ai été incardiné à La Rochelle et la cathédrale de Saintes est magnifique. En tant que « Franciscain » frères de François d’Assise ou du moins essayant de vivre de sa spiritualité, j’essaye d’être écologiste, d’admirer la nature et j’aime prier avec de beaux hants, de belles liturgies …. Hélas souvent pas assez préparées ! J’ai fait souvent des pèlerinages à Assise pour admirer les ermitages Franciscains. J’aime les belles icônes souvent d’origine orthodoxe. Ma préférence va vers les églises romanes ou gothiques, simples et dépouillées. J’habite une belle région vers Royan et j’en profite dans ma vieillesse pour regarder le ciel et la mer (l’Océan)J’essaye de vivre la lettre du pape François sur l’Écologie et sur la Fraternité comme sommet de toute vie chrétienne.
Diacre Bruno Palluat